Le Blog de Zénon

Thursday, May 19, 2005

Le Clan des Otori, tome 2, les Neiges de l'Exil

Le tome 2 est la digne suite du tome 1. L'histoire s'accélère, tant au niveau des intrigues politiques que des scènes d'action. L'histoire se développe en une grande fresque et prend un tour véritablement épique. La quête des deux héros change d'échelle et laisse présager une fin à plus épique encore, en dépit des menaces toujours plus lourdes qui pèsent sur leurs têtes.

L'héroïne du roman, Kaede, prend une grande importance dans ce deuxième tome, notamment au niveau politique puisqu'elle est l'héritière de deux clans. Elle hérite d'un domaine en ruine et d'un domaine qui lui est contesté, elle n'a ni richesses ni troupes, mais heureusement pour elle, elle a son intelligence et sa détermination. Elle n'est plus sous la tutelle d'aucun des seigneurs qui lui empoisonnaient la vie dans le tome 1 et peut ainsi donner toute sa dimension.

Le côté féministe de l'héroïne est assez peu crédible dans un contexte qui ressemble au Japon du 17ème siècle. De la même façon, le côté égalitariste du héros, Takeo, est assez anachronique aussi. Ca ne cadre pas vraiment avec la société. Heureusement, l'auteur ne s'appesantit pas trop là dessus, et les actions de Kaede, comme les actions de Takeo sont, elles, bien crédibles.

Quoiqu'il en soit, l'histoire prend son envol dans ce tome 2, et tout se met en place pour une grande conflagration, et le retour à une guerre généralisée entre tous les clans. Le roman se termine en même temps que l'hiver, la saison des alliances et de la politique. On devine déjà l'arrivée du printemps, la saison des batailles. Et on sent bien que "ça va chauffer" dans le tome 3.

Malheureusement, le tome 3 n'est pas encore sorti en poche (Mais que font les éditions Folio depuis un an ?). Qu'à cela ne tienne, je vais le commander en grand format...

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Wednesday, May 11, 2005

Le clan des Otori, tome 1, le Silence du Rossignol, Editions Folio

C'est le premier tome d'une trilogie, placé dans un contexte de fantasy japonaise proche, par exemple, du Rokugan de Legend of the Five Rings. Il s'agit d'un bon roman d'aventures, qui raconte le destin d'un jeune homme un peu étrange qui jouera un grand rôle dans les évènements à grande échelle qui vont se produire au cours de cette trilogie. Le héros a un lourd poids qui pèse sur ses jeunes épaules : rescapé de justesse du massacre d'une communauté religieuse très minoritaire dans l'île, il est l'héritier d'une obscure famille d'assassins, et se trouve sauvé et adopté par le seigneur légitime (mais spolié du pouvoir) d'un clan en grande difficulté politique. On peut supposer que ce seigneur ait des plans pour utiliser les talents de son jeune protégé dans l'affrontement généralisé entre clans qui se prépare...

Par contre, il faut que j'attire l'attention sur une malhonnêteté éditoriale manifeste et parfaitement condamnable de l'édition Folio : contrairement à ce que dit le 4ème de couverture de cette édition, le roman ne se déroule pas du tout dans le Japon du 14ème siècle, mais dans un monde de fantasy (assez peu magique) qui s'inspire du Japon. Ensuite, ça ne ressemble pas du tout au 14ème siècle au Japon, mais beaucoup plus aux débuts de l'ère Tokugawa, c'est à dire au Japon du début du 17ème siècle, l'ère des Samouraïs, l'époque de la guerre civile suivie de la "Paix du Shogun".

(Et d'ailleurs, dans la guerre des clans, l'auteur mentionne le rôle fondateur de la bataille de Yashigaera, qui ressemble énormément à la bataille de Sekigahara qui a vu la victoire de Tokugawa Ieiasu dans la guerre des clans qui faisait rage à ce moment, là, avec des détails dans le roman qui rappellent nettement la bataille historique. Bref, CQFD, c'est une versions transposée des débuts de l'ère Tokugawa...)

Bref, quoique le contexte soit de la fantasy, le roman est bourré d'informations sur la civilisation, la culture et la société Japonaise de l'ère Tokugawa.

Nous avons là une grande aventure sur fond de guerre des clans qui démarre, un livre sympathique avec des personnages centraux attachants et bien développés. Il y a une petite dose de fantastique qui reste discrète et qui ne trahit pas l'ambiance japonaise.

Mon seul reproche à ce roman : les hommes de pouvoir qui croisent le chemin de notre héros (Empereur, chefs de clans, chef de famille ninja) sont un peu légers dans leurs actions et leurs décisions, ce qui permet à notre héros de faire à peu près toujours ce qu'il veut, et parfois, ça n'est pas totalement crédible. A cette réserve près, le roman marche bien, il a du rythme, une bonne histoire, et de bons personnages principaux. Bref, il est très agréable à lire. Je le recommande à tous les amateurs de littérature et de films japonais.

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NB: L'auteur Liam Hearn, a pris ce nom en hommage à Lafcadio Hearn, un aventurier et écrivain spécialiste du Japon au 19ème siècle a qui l'on doit notamment un très beau recueil de contes fantastiques japonais : Kwaidan
.

Frère Aloysius et le Petit Prince, de Philippe Monot, Editions Nestiveqnen

Il s'agit d'un sympathique roman médiéval-fantastique. L'histoire est contée sur un ton baroque, parfois burlesque, souvent poétique, toujours humoristique, mais qui n'échappe pas toujours aux clichés du genre. Son monde imaginaire est basé sur le merveilleux et la magie et son imaginaire baroque est souvent proche du conte. L'auteur se tient toujours sur la fine ligne entre l'humour débridé et le "n'importe quoi", il fait un numéro d'équilibriste qui bascule parfois un peu du mauvais côté, notamment sur la fin, où l'histoire est moins maîtrisée. Philippe Monot est un traducteur, préfacier, et anthologiste de Jack Vance, et la parenté entre les deux auteurs est patente : dans ce roman, Monot est une sorte de Jack Vance aux références culturelles beaucoup plus européennes, et avec une moins bonne maîtrise de son écriture et de son histoire.

"Frère Aloysius..." est une quête pour sauver le monde avec des personnages principaux qui sont plutôt des anti-héros (un vieux moine peu physique, un jeune prince aveugle, ...), il ne s'agit pas de se battre contre un ennemi très méchant (même si il y en a un dans le livre) mais contre un phénomène étrange, l'Effacement, qui fait retourner ce monde à l'état de parchemin vierge au fil du temps, transformant des territoires entiers en déserts plats, vides, et résolument non-habitables. La plupart des régions, autrefois hospitalières, perdent d'abord leur couleur, puis leurs formes et des régions entières deviennent petit à petit un désert plat et aride. Le phénomène provoque d'immenses mouvements de population, et, bien sûr, des conflits... Ce monde magique est en train de se transformer en chose terne et invivable.

Pour sauver le monde de l'effacement, il faut retourner aux savoirs les plus anciens, dont les dernières traces sont détenues par Aloysius, un moine-magicien de l'ordre de Saint-Brusce, et l'un des héros de cette histoire, il va falloir remonter aux temps cosmogoniques et à la fondation du monde pour le refonder et le renouveler par une nouvelle naissance... Pour cela, ce moine reclus devra sortir de sa bibliothèque, quitter son monastère et voyager dans un monde auquel il est profondément inadapté, et armé de ses intuitions peu académiques, il devra chercher une solution qui semble inclure un petit prince aveugle, seul héritier d'un royaume qui vient de tomber aux mains de barbares sanguinaires (qui tiennent souvent le haut du pavé en ces temps troublés...

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